My French EP of the Year : « Oiseau » by Gisèle Pape
Un geste
Comme un mouvement de danse
épuré
Une trace dans l'espace
singulière
unique
un arc tendu
Comme un trait
de lumière bleutée
à l'aube naissante
Une texture
Une intention
Voici « Oiseau »
premier EP
de Gisèle Pape.
Je ne sais rien de celle-ci. Cela n'a guère d'importance. Ce qui vaut, c'est cette démarche, cette intention. Ces contes et ritournelles qui vous emmènent au pays des songes. Ces ambiances, cette matière sonore ciselée où chaque note, chaque syllabe, chaque parole est là, posée à sa juste place. Un tissage. Les chansons, « ça se tricote ». Les chansons de Gisèle Pape ne s'offrent pas d'emblée. Nulle volonté ostentatoire, nul recours aux moyens d'une séduction facile. Les six chansons s'apprivoisent lentement, se dégustent tranquillement pour mieux vous emporter, générant images et sensations. Une oscillation permanente : fragilité et intensité, minimalisme, dépouillement apparent et travail précis - quasiment chirurgical - des multiples éléments sonores de chaque titre. Maille après maille, une impression de forte cohérence dans le propos.
Je ne sais si c'est rendre hommage à ce premier opus que de catégoriser son auteure entre Laurie Anderson et Françoiz Breut. Je ne suis pas tellement adepte des comparaisons. Je crois que cela risquerait d'assigner le tricotage de Gisèle Pape à un déjà-là alors qu'elle me semble tracer une sente sonore singulière et rare dans le paysage français. Il me semble qu'elle est à l'orée du bois, qu'elle empruntera de multiples cheminements pour mieux nous surprendre à chaque fois. Ce qui me semble aussi se dégager de son premier disque, c'est cette volonté dans l'intention, cette recherche de l'unisson entre chansons et objet disque - une superbe édition limitée. Une exigence commune pour chaque composante. Rigueur et concentration dans le travail. Gisèle Pape écrit qu'elle est à la recherche de ce qu'elle croit être bien. C'est cette recherche qui transparaît aussi dans cet album. C'est ce qui lui donne cette sincérité. C'est ce que j'apprécie.
On avait déjà eu le plaisir de découvrir « Dolls » et « Encore », « Oiseau » permettra d'écouter quatre autres titres où Gisèle Pape démontre non seulement des qualités indéniables de composition mais aussi d'écriture. Chaque nouvelle écoute de « Moissonner », de « Sirène » ou de « Nuit » emportera l'auditeur vers de de nouvelles contrées, de nouveaux détails, de nouvelles images mentales. L'album s'achève par « Solitary Star» et ses deux strophes magnifiques empruntées à Lord Byron.
Un de mes EP incontournables de cette année.
En vente sur bandcamp.